• Les Kurdes sont l’une des plus grandes nations au monde à ne pas disposer d’un État reconnu.

  • Ils habitent de vastes régions du Moyen-Orient depuis des centaines d’années, principalement dans les régions de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie.

  • La quête des Kurdes pour l’autodétermination et la création de leur propre État est un sujet à l’histoire longue et mouvementée, qui se poursuit encore aujourd’hui.

Les Kurdes avaient-ils leur propre État ?

Au fil des siècles, les régions habitées par les Kurdes sont passées sous le contrôle de différents empires et États. Bien que les tentatives de création d’un État kurde indépendant n’aient pas manqué, aucune d’entre elles n’a perduré.

L’un des événements les plus célèbres a été la tentative de création du Kurdistan après la Première Guerre mondiale, lorsque le traité de Sèvres de 1920 prévoyait la création d’un État kurde dans la région des anciennes terres ottomanes. Malheureusement, ce traité n’est jamais entré en vigueur et a été remplacé par le traité de Lausanne (1923), qui a tracé de nouvelles frontières sans inclure d’État kurde.

Une autre tentative importante a été la création de la République de Mahabad en 1946 dans ce qui est aujourd’hui l’Iran, qui a été le premier État kurde sur les cartes contemporaines. Bien que soutenue par l’Union soviétique, cette république n’a duré que quelques mois et a été rapidement démantelée par les troupes iraniennes après le retrait des Soviétiques.

Où vivent les Kurdes ?

es Kurdes vivent principalement dans quatre pays : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. On estime qu’ils sont entre 30 et 40 millions, ce qui en fait l’une des plus grandes nations apatrides du monde. Les régions habitées par les Kurdes sont souvent appelées Kurdistan, même si elles ne forment pas une unité politique ou géographique unifiée.

En Turquie, où vivent la plupart des Kurdes, ils représentent une proportion importante de la population, en particulier dans le sud-est du pays. En Iran, les Kurdes vivent principalement dans les provinces occidentales telles que le Kurdistan, le Kermanshah et l’Azerbaïdjan occidental. En Irak, les Kurdes jouissent d’un niveau d’autonomie relativement élevé grâce à la région du Kurdistan, qui est officiellement reconnue par le gouvernement irakien. En Syrie, les forces kurdes contrôlent des zones dans le nord, formant des unités autonomes qui ont acquis une plus grande indépendance après le déclenchement de la guerre civile en 2011.

Comment les Kurdes s’organisent-ils ?

La quête d’autonomie ou d’indépendance des Kurdes prend différentes formes, en fonction de la situation politique du pays dans lequel ils vivent.

Turquie

En Turquie, les aspirations à l’indépendance des Kurdes sont parmi les plus intenses, mais aussi les plus sévèrement réprimées. Pendant des années, les autorités turques ont mené une politique assimilationniste à l’égard des Kurdes, dont la langue et la culture étaient interdites. La situation a commencé à changer à la fin du XXe siècle, mais le conflit entre le gouvernement turc et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se poursuit, malgré plusieurs tentatives de trêve. Le PKK est une organisation politique et militaire qui lutte pour l’amélioration des droits des Kurdes en Turquie et pour l’autonomie ou l’indépendance.

L’Iran

Les Kurdes d’Iran subissent des restrictions similaires à celles de la Turquie. Leurs aspirations à l’autonomie sont fortement contrôlées par les autorités iraniennes et toute tentative d’organisation politique ou militaire est réprimée.

L’Irak

La région du Kurdistan irakien est la forme la plus développée de l’autonomie kurde. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein et la mise en place d’un nouveau système politique en Irak, les Kurdes du Kurdistan irakien ont gagné en autonomie, disposent de leur propre parlement, de leurs propres forces armées (Peshmerga) et contrôlent de nombreuses ressources, dont le pétrole.

Un référendum sur l’indépendance du Kurdistan a été organisé en 2017, au cours duquel une majorité écrasante d’électeurs s’est prononcée en faveur de la séparation. Toutefois, le gouvernement irakien, ainsi que la communauté internationale, n’ont pas reconnu les résultats de ce référendum.

Syrie

Le conflit armé en Syrie a donné aux Kurdes l’occasion de prendre le contrôle des régions du nord du pays, qui ont été baptisées Rojava. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un État au sens propre du terme, le Rojava est une zone autonome de facto dotée de ses propres structures de gouvernance.

Les Kurdes de Syrie ont mis en place un système démocratique basé sur les principes d’égalité et de coopération entre les différents groupes ethniques et religieux.

Une nation sans État, mais pas sans espoir

L’absence d’un État formel ne signifie pas que les Kurdes sont dépourvus d’identité ou d’aspirations nationales. Grâce à diverses formes d’organisation politique et sociale, ainsi qu’à leur culture, leur langue et leur solidarité nationale, les Kurdes poursuivent leur lutte pour les droits et la reconnaissance.

Chacun des quatre pays réagit différemment aux aspirations kurdes, et la situation kurde reste l’une des questions politiques les plus importantes et les plus complexes du Moyen-Orient.

Sources graphiques :

  • <>Salar Arkan – سالار ارکان, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0 , via Wikimedia Commons
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